Noémie Memories

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Comment j'ai arrêté la fast fashion, mon bilan après ma première année d'abstinence

Difficile de réaliser que cela fait déjà plus d’un an que je n’ai pas mis les pieds dans un Zara, H&M, Mango et autres boutiques de « fast fashion » pour agrandir ma garde robe. Et pourtant, du jour au lendemain, en juin 2018, j’ai dit stop.
Stop à la surconsommation, stop à l’achat de vêtements « tendances » que je ne porterai qu’une fois ou trois, stop à l’achat impulsif, stop à l’achat de vêtements de piètre qualité, stop aux vêtements fabriqués dans des conditions parfois inhumaines.
Désormais je veux tout savoir. Comment et où ont été fabriqués ce pantalon, cette chemise, ce pull. Je veux acheter en âme et conscience. Je veux acheter moins mais de meilleure qualité. Je veux acheter des pièces intemporelles que je porterais encore et encore sans m’en lasser. Je veux acheter des vêtements qui me conviennent vraiment et qui ne répondent pas seulement à un effet de mode. Je veux savoir que ce que je porte n’a pas abîmé un peu plus notre jolie planète et n’a pas mis en danger la vie de travailleurs exploités à l’autre bout du monde.

Mettons les choses au clair tout de suite, je suis loin d’être parfaite. Moi aussi j’ai parfois envie de craquer sur cette petite robe à prix bas vue et revue sur Insta. Moi aussi j’ai envie de m’essayer à LA tendance de la saison Printemps/été 2019. J’ai mes faiblesses (la marque du groupe H&M And Other Stories en fait partie). Mais maintenant je suis en pleine conscience quand je consomme. Je ne peux plus dire que je ne savais pas. Je fais de mon mieux au quotidien et c’est le principal, non ?
Des fois, il suffit juste d’un électrochoc (regarder par exemple le documentaire “The true cost”, le vrai prix, sur Netflix, qui raconte les processus de fabrication au sein de l'industrie du textile et les travers de la fast fashion), de bienveillance et de conseils pour se motiver à changer ses (mauvaises) habitudes de consommation. J’espère juste qu’avec cet article je donnerais envie à certains d’entre vous de consommer la mode différemment.


Ma méthode

  • Ne plus entrer du tout dans un magasin de fast fashion et ne plus se rendre sur les sites internet des marques de fast fashion. C’est simple et ultra efficace. Ne pas oublier non plus de se désabonner aux news letters et à leurs promotions alléchantes pour éviter toute tentation.
    J’ai également arrêté de suivre sur Instagram certains comptes qui ne faisaient que la promotion de la fast fashion et qui incitaient à la surconsommation chez des marques à l’éthique plus que douteuse. Je ne me reconnaissais plus du tout dans ces comptes. Sur Instagram, j’aime être inspirée, conseillée et faire de belles découvertes. Je ne suis désormais que des comptes qui me font du bien.

  • Faire sa Marie Kondo. J’ai fait un immense tri dans mon dressing. J’ai suivi la méthode Marie Kondo qui consiste à mettre tous les vêtements que l’on possède sur son lit pour prendre conscience de la quantité de vêtements que l’on possède. Ensuite, on prend chaque vêtement un par un et on se demande si ce vêtement nous procure toujours du plaisir, on essaye de se souvenir quand on a porté ce vêtement pour la dernière fois et si ce vêtement nous correspond toujours (taille, style etc). On fait quatre piles. Une “je garde”, une “je vends”, une “je donne” et une “je jette”. Cette méthode m’a permis de réaliser que j’achetais parfois des habits très “tendance” que je ne portais qu’une fois ou deux, ou que je choisissais sur un coup de tête et/ou influencée par les réseaux sociaux, des pièces qui ne me correspondaient pas. Du coup je ne les avais jamais portées.
    Ça permet aussi de faire un bilan objectif de ce dont on a vraiment besoin pour compléter notre garde robe et en faire un dressing idéal. Un dressing avec des vêtements qui conviennent à notre morphologie, confortables, que l’on peut porter à toutes les occasions et qui vont bien les uns avec les autres pour pouvoir limiter le nombre de pièces. Des vêtements que l’on gardera longtemps.

  • Se renseigner. Au maximum. Je n’achète plus rien de façon impulsive. Je regarde toujours l’étiquette pour connaître les matériaux utilisés, le pays où le vêtement a été fabriqué. Je vais aussi faire un tour sur le site de la marque pour connaître son histoire et ses engagements. Il est malheureusement plus difficile de trouver des vêtements éthiques que de la fast fashion quand on se promène. Il y a quelques boutiques spécialisées qui en proposent mais sinon pour l’instant la mode éthique on la trouve surtout sur internet.
    Pourquoi ? Parce qu’il s’agit généralement de marques jeunes, locales, qui produisent en petite quantité et qui proposent peu de modèles. Des petites marques qui n’ont pas encore les moyens d’avoir pignon sur rue ou qui préfèrent ne pas l’avoir pour proposer des vêtements à des prix plus abordables. Car il est là aussi le nerf de la guerre. Le prix. On ne va pas se voiler la face, une robe éthique coûtera toujours plus cher qu’une robe H&M. Parfois, trois, quatre ou cinq fois son prix. Produire en France ou en Europe ça coûte plus cher que de fabriquer ses vêtements au Bangladesh dans des conditions souvent déplorables.
    A côté de ça, il y a certaines grandes marques qui vendent leurs vêtements à des prix exorbitants alors qu’ils ont été fabriqués dans les mêmes conditions que ceux de Zara, H&M et compagnie. Ceux sont peut-être ceux-là les pires ! La fast fashion n’est pas toujours abordable, c’est pour cela qu’il faut être vigilant et TOUJOURS s’informer.
    Instagram est une mine d’or pour trouver des marques locales et éthiques. Quand je découvre une marque dont j’aime les valeurs et les produits, j’épingle une photo du compte de la marque et l’enregistre dans ma collection “Mode éthique” sur Insta pour pouvoir me souvenir de cette marque ou du modèle de la photo quand j’aurais besoin d’agrandir ma garde robe.
    Je continue sans cesse d’apprendre sur le sujet. Notamment sur les matériaux utilisés, lesquels privilégier pour être le plus eco friendly possible... Comme je le disais, je ne suis pas parfaite mais j’essaye de privilégier au maximum les marques éco responsables.

  • Consommer moins mais mieux. Et donc accepter l’idée de devoir parfois mettre le prix. Au final, promis, vous serez gagnant(e) ! Si vous mettez 200 euros dans un pull dans lequel vous vous sentez vous, vous vous sentez beau/belle, qui est de super qualité, éthique, qui va avec plusieurs de vos pantalons et de vos jupes et que vous adorez donc porter encore et encore, alors au final cela vous revient moins cher que d’acheter chaque semaine une nouvelle fringue chez Zara. Dépenser régulièrement 20, 30 ou 50 euros dans des habits dont vous vous lasserez très vite ou qui commenceront à boulocher après les avoir porté une fois, ce n’est clairement pas un bon investissement.
    Attention, tout n’est pas à jeter chez Zara. J’ai moi même encore des pièces de chez eux que je porte depuis longtemps et que j’aime encore porter. Donc je n’allais pas m’en séparer. Cela n’aurait aucun sens. Mais ces pièces là, avouons le, sont rares. Et il reste toujours la culpabilité de savoir comment elles ont été fabriquées...

  • Se tourner vers la seconde main et le vintage. Il y a tellement de pépites dans les boutiques vintage (Nawal et son compte Insta @nawalbonnefoy le prouve chaque jour) qu’il serait dommage de s’en priver. C’est moins cher, cela permet de donner une deuxième ou une troisième vie à des vêtements en parfait état et ça permet aussi de mettre la main sur des pièces uniques. Les pièces préférées de mon dressing sont des chemises et vestes vintage.
    Ne vous inquiétez pas, si vous n’êtes pas branchés vintage il reste la seconde main de marques récentes. Aujourd’hui, on peut faire de super affaires lors de vide dressing ou sur des sites comme Vinted par exemple. Alors pourquoi pas avoir le réflexe de vérifier sur ces sites si la pièce que vous cherchez n’est pas déjà disponible et à un prix beaucoup plus attractif ? Ou bien une pièce similaire ?

  • Ne pas se mettre trop de pression non plus. Accepter ses moments de faiblesses et se demander pourquoi on a flanché et comment on peut l’éviter à l’avenir.
    Accepter aussi que chacun à sa façon de consommer. Moi je suis dans une optique de réduire vraiment au maximum ma garde robe car cela me fait me sentir mieux et il est plus facile pour moi de m’habiller le matin. Cependant il y a des personnes, comme Nawal, qui ont arrêté d’acheter de la fast fashion et même d’acheter des vêtements neufs, mais ne se retrouvent pas pour autant avec un dressing minimaliste. Le dressing de Nawal a envahi tout son appartement et c’est génial ! Le principal c’est de trouver ce qui nous convient, à nous.



    Mon bilan



    Les points positifs :

  • Je consomme en accord avec mes valeurs. Donc j’ai meilleure conscience et je chéris chaque vêtement que je possède.

  • J’ai réalisé qu’en fait je me passe facilement de la fast fashion. Je le vis très bien même !

  • J’ai l’impression d’avoir enfin pris le temps de penser vraiment à mon style, à ce que j’aime porter, aux couleurs qui me vont. Je me connais mieux et n’achète donc plus que des vêtements qui me correspondent et que je garderai longtemps.

  • Je dépense beaucoup moins ! Mon niveau de vie avait considérablement diminué après mon installation au Japon. Cela avait été l’un des éléments déclencheurs dans mon envie de consommer moins mais mieux. Aujourd’hui, je n’ai toujours pas les moyens de m’offrir toutes les pièces éthiques dont je rêve mais j’essaye d’apprécier ce que j’ai. Je réalise que cela ne me dérange pas de porter souvent les mêmes vêtements si je suis bien dedans et s’ils sont de bonne qualité. Néanmoins, je reste toujours une grande amoureuse de la mode. Alors quand une pièce me fait vraiment envie, j’économise pour me l’offrir.

  • Je ne me laisse plus influencer par la « mode ». J’ai mon propre style et je pense « intemporel ». Je n’achète que des pièces dont je ne me lasserai pas après une saison.

  • Je découvre plein de chouettes petites marques et des créateurs qui ont beaucoup de talents. J’aime connaître l’histoire derrière les produits que j’achète. Et c’est aussi agréable en tant qu’entrepreneure moi même, de savoir que je soutiens de belles initiatives, éthiques et éco responsables, en achetant mes vêtements.



    Les points négatifs :

  • Le prix. Comme je l’expliquais précédemment les vêtements éthiques sont généralement plus chers voire bien plus chers que les vêtements de fast fashion. Je n’ai pas de gros revenus. Les fins de mois sont difficiles donc il est parfois frustrant de ne pas pouvoir m’offrir cette robe ou ce pull qui me fait de l’oeil.

  • Les virées shopping sont moins fun car il est difficile de trouver des boutiques qui vendent des marques éthiques. Et comme la plupart des marques vendent uniquement leurs produits en ligne, impossible d’essayer.

  • Les recherches prennent du temps. C’est parfois fastidieux. Il faut faire attention aussi aux beaux discours éthiques et belles promesses green de marques de fast fashion. Demander toujours plus d’informations ça demande plus d’efforts ! Mais c’est aussi en demandant aux marques plus de transparence qu’on les forcera à changer leurs procédés de fabrication.

    Et puis franchement c’est tout ! Pour moi, le bilan est clair. Le positif l’emporte largement et je ne regrette pas une seule minute d’avoir renoncé à la fast fashion. Je ne vous juge évidemment pas si vous adorez toujours flâner chez Zara. C’est un choix personnel. J’espère juste vous avoir donné à réfléchir sur le sujet et qui sait, peut-être vous avoir donné envie d’essayer, ne serait-ce que sur une courte durée :)