Les fabuleuses histoires éthiques & responsables ~ Portrait N°1 « Muse & Marlowe »

 

Coucou ! Après la publication de mon article « Comment j’ai arrêté la fast fashion, mon bilan après ma première année d’abstinence », j’ai reçu beaucoup de retours très positifs de votre part. Ça m’a fait plaisir à un point, vous n’imaginez pas ! Vous semblez être nombreux et nombreuses à vouloir changer votre façon de consommer, mais vous ne savez pas toujours par où commencer ou vers quelles marques, petits créateurs, vous tourner. Je reçois d’ailleurs régulièrement des messages pour me demander quelles sont mes marques éthiques et responsables préférées.

Je dois dire que je passe moi-même énormément de temps à rechercher de jolies marques, françaises et européennes pour la plupart, qui utilisent des matériaux durables et qui sont respectueuses de l’environnement. Des marques qui respectent aussi l’humain. Qui produisent localement, en Europe ou ailleurs dans le monde mais toujours en garantissant un salaire juste à ses ouvriers et de bonnes conditions de travail. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de cette nouvelle chronique : « Les fabuleuses histoires éthiques & responsables ». Un portrait, sous forme d’interview (quand on a été journaliste pendant 8 ans on ne se refait pas ;) ), pour raconter l’histoire derrière la marque. Je souhaite donner la parole à ceux qui, à leur échelle, font leur maximum pour protéger notre belle planète et nous proposer des produits que nous chérirons très longtemps.

La petite marque française Muse & Marlowe, pour qui j’ai eu un énorme coup de coeur, a accepté d’inaugurer cette série de portraits que je publierai une à deux fois par mois.

Bonne lecture !

Muse & Marlowe

Muse & Marlowe est une marque de prêt-à-porter bretonne née en 2018, qui souhaite offrir une alternative éthique et durable à la fast fashion. Les vêtements imaginés par les deux créatrices de la marque, Aline et Lucie, sont féminins, confortables et solaires. Leur première collection est tellement réussie ! J’ai craqué pour leur t-shirt « Sunset lover » que je ne cesse de porter cet été. J’ai donc voulu en savoir plus. Voici leurs réponses à toutes mes questions :)

DSC03904.jpg

Est-ce que vous pouvez vous présenter chacune en quelques mots ?

Aline : Je m’appelle Aline, j’ai 39 ans, je vis à Rennes. Je suis mariée et maman d’une petite fille de 3 ans qui se prénomme Ellie. J’ai une double formation puisque j’ai obtenu un diplôme de styliste-modéliste à l’Atelier Chardon-Savard en 2004 puis un master en communication en 2009 que j’ai effectué par correspondance. J’ai travaillé dans les deux domaines pendant plus de 10 ans avant de quitter mon dernier poste en février 2018 pour me lancer pleinement dans l’aventure Muse & Marlowe.

Lucie : Moi, c'est Lucie, j'ai 32 ans. Je vis en couple et suis également maman d'un petit garçon Hugo, âgé lui aussi de 3 ans. Après plusieurs années passées à Rennes, nous avons fait le choix avec mon conjoint de réaménager en centre Bretagne dans une petite commune rurale ! Un vrai choix de vie plus simple et paisible pour notre famille. Après l'obtention d'un master en management au sein d'une Ecole supérieure de commerce, j'ai travaillé pendant 9 ans dans le domaine du marketing et de la communication dans les secteurs de la cosmétique et du prêt-à-porter.  

Quand et comment est née Muse & Marlowe ?

Aline : Nous nous sommes rencontrées avec Lucie en 2008, toutes les deux de passages dans une entreprise dans laquelle nous nous sommes retrouvées quelques années plus tard en 2013.
J’ai toujours eu l’envie d’entreprendre, mais je me suis longtemps donné des excuses pour ne pas le faire. Quand on n’est pas du tout issu d’un univers entrepreneurial et que l’on t’éduque à rester sur les rails d’un parcours « classique », tu imagines tout simplement que ce n’est pas fait pour toi. Jusqu’au jour où tu comprends enfin que c’est vraiment ce que tu as envie de faire de ta vie !

L’arrivée de nos enfants en 2016 nous a donné la force de nous lancer

Lucie et moi, on se complète et on est très en phase. C’est une vraie chance que nos chemins se soient croisés. Je gère la partie design produit et communication, Lucie la partie marketing, commerciale et gestion.
Muse & Marlowe a vraiment pris corps au fil d’échanges et de constats personnels, et l’arrivée de nos enfants en 2016 nous a donné la force de nous lancer. Pour que notre action quotidienne soit en phase avec nos valeurs profondes, pour créer ce que nous estimions manquer à l’appel, pour sensibiliser de manière positive et répondre à une demande que l’on ne pensait pas isolée. Nous souhaitions rendre nos enfants fiers et leur montrer que rien n’est impossible.

Quand tu prends le recul nécessaire, tu te rends compte que le bonheur ne réside pas dans le « toujours plus »

Et puis quand tu prends le recul nécessaire, tu te rends compte que le bonheur ne réside pas dans le « toujours plus » mais plutôt dans cette fameuse sobriété, dans l’appréciation de ce que tu as déjà et de ce que tu prends le temps de choisir soigneusement. Tu n’as alors plus besoin d’un salaire toujours plus élevé, de vacances toujours plus éloignées. Tu te concentres sur plein d’autres choses frugales, réelles et essentielles.

D’où vient ce joli nom, Muse & Marlowe ?

Lucie : Muse est le 2ème prénom de la fille d’Aline (Ellie Muse). Un « middle name » comme beaucoup de noms anglo-saxons ( le mari d’Aline est australien ). Marlowe était le prénom numéro 2 de la short list qui avait été faite pour Ellie. Ce sont toutes les deux des noms que nous aimons beaucoup !

Aline : Avec Lucie, nous souhaitions vraiment exprimer la féminité dès le nom de notre marque, et aussi l’idée de communauté, ouverte sur le monde. Nous avons donc listé les prénoms que nous aimions et avons fait des associations. Celle-ci était de loin la plus poétique et aspirationnelle, sans hésitation notre préférée.
Pour la petite histoire, Lucie a un fils qui s’appelle Hugo, donc malheureusement, nous n’avons pas pu surfer sur l’association des prénoms de nos deux enfants.

DSC06026 copie.jpg
DSC05707 copie.jpg

En quoi Muse & Marlowe est une marque éthique et durable ? Quels sont les engagements de la marque ?

Aline : Nous avons souhaité avoir une approche globale, à chaque étape de notre activité, d’un point de vue environnemental mais aussi humain. Les engagements les plus saillants sont d’une part le choix des matières. Pour les premières collections, du coton biologique certifié GOTS uniquement. Nous voulons nous assurer que le coton est produit dans les meilleures conditions, d’un point de vue environnemental et humain. Nous nous appuyons sur cette certification, la plus complète dans l’industrie textile et qui est un label Ecocert, qui implique que tous les maillons de la chaîne soient audités chaque année. D’autre part, le choix des fournisseurs. Nous les choisissons au plus proche quand les compétences sont là, puis en s’éloignant petit à petit le cas échéant. Par exemple, nos t-shirts portent une impression réalisée en Bretagne (où se trouvent nos bureaux), le développement (patronnage / prototypage) est réalisé pour une partie dans un atelier de Cholet et l’autre partie par une couturière indépendante basée à Brest, la production est quant à elle réalisée au Portugal.

Nos t-shirts portent une impression réalisée en Bretagne (où se trouvent nos bureaux), le développement (patronnage / prototypage) est réalisé pour une partie dans un atelier de Cholet et l’autre partie par une couturière indépendante basée à Brest, la production est faite au Portugal.

Lucie : Notre solution d’emballage a été étudiée pour approcher du zéro déchet : une enveloppe compostable, un papier de soie biodégradable que nous conseillons de réutiliser, et une étiquette contenant des graines. En fin de parcours d’achat sur le site, nous donnons le choix entre des graines de mini concombres ou de fleurs à papillons. Pour moi qui ait un temps pensé à vivre en auto-suffisance (un jour peut-être !), il était important de proposer une graine pour faire pousser des légumes !
Nous avons par ailleurs édité un cahier des charges à l’attention de notre atelier de confection, dans lequel on indique par exemple refuser les emballages plastiques individuels qui sont mis systématiquement sur chaque vêtement. On reçoit donc notre production dans des cartons, sans emballage individuel, et chaque taille est séparée par une cartonnette.

 Notre solution d’emballage a été étudiée pour approcher du zéro déchet.

Notre engagement est vraiment la clé d’entrée de la manière dont nous travaillons. Que ce soit dans notre travaille ou notre vie quotidienne, nous essayons vraiment de faire de notre mieux. La perfection n’existe pas, quand on active un levier respectueux, il y en a souvent un autre qui lâche, mais il est important de toujours chercher la solution optimale et aussi d’évoluer avec le temps.

Pourquoi c’était si important pour vous ?

Aline : On ne concevait pas les choses autrement. On adore toutes les deux les vêtements, comme objet utile, source de plaisir et d’expression, mais la raison d’être première de Muse & Marlowe c’est de faire bouger les lignes à notre modeste échelle, vraiment pas de lancer une marque de vêtements en plus…

Est-ce que chaque pièce est créée en petite quantité ? Est-ce-que vous pouvez nous en dire plus sur le processus de création et de production ?

Aline : Chaque modèle est produit en 100 exemplaires toutes tailles confondues (du 34 au 42 pour le moment), c’est donc considéré comme du petite à moyenne échelle. Cela nous a valu des complications pour trouver notre atelier partenaire, pas facile quand on produit de petites quantités.

On essaye de penser nos collections comme vivant les unes avec les autres, afin d’installer une pérennité et de s’affranchir du poids des tendances.

Lucie : Nous organisons des lancements 4 fois par an : 2 collections d’une dizaine de modèles complétées par deux capsules de 2 ou 3 modèles. On essaye de penser nos collections comme vivant les unes avec les autres, afin d’installer une pérennité et de s’affranchir du poids des tendances. Ainsi, nous conservons chaque collection pendant 1 an jusqu’à épuisement des stocks, plus que des collections, on pourrait d’ailleurs dire qu’il s’agit de chapitres d’une histoire. On a très envie de mettre en scène les pièces de la collection 2 avec celles de la 1ère collection par exemple. Un vêtement est fait pour être aimé longtemps et réinventé à l’infini, de même qu’une robe peut être portée avec des sandales l’été et des boots l’hiver…

Quelles matières privilégiez-vous et pourquoi ?

Lucie : Pour le moment, nous avons choisi de nous concentrer sur du coton bio certifié GOTS parce que l’audit poussé pour obtenir cette certification est rassurante pour nous et pour le consommateur, et que nous n’étions pas en mesure à nous deux de remonter seules toute la chaine et effectuer les vérifications nécessaires. Le coton bio requiert seulement 10% de la quantité d’eau utilisée habituellement pour le coton, permet à l’agriculteur de faire tourner ses cultures, donc de faire pousser des légumes pour nourrir sa famille par exemple, les pesticides sont interdits, ainsi qu’une longue liste d’intrants chimiques. Il est donc sans danger d’un point de vue sanitaire pour les travailleurs, mais aussi le consommateur final ! La certification GOTS couvre aussi tout l’aspect social et humain, souvent oublié et pourtant tellement important. De fait : pas de travail d’enfant, chaque travailleur touche au-dessus du salaire minimum en vigueur dans son pays, respect des normes de l’OIT…

Le coton bio requiert seulement 10% de la quantité d’eau utilisée habituellement pour le coton.

Aline : Nous avons pour le moment 3 fournisseurs européens, dont un qui fabrique en France. Nous avons fait le choix de matières naturelles pour éviter le rejet de microparticules lors du lavage. Nous creusons néanmoins d’autres matières afin d’enrichir l’expérience, notamment le lin et le chanvre, mais aussi des matières naturelles recyclées (difficiles à sourcer, et il y a une vraie interrogation sur la solidité de celles-ci), des matières innovantes…

Photo _mona.ma_

Photo _mona.ma_

Photo _mona.ma_

Photo _mona.ma_

DSC05807-Edit copie.jpg

C’est quoi le style Muse & Marlowe ? La marque s’adresse à qui ?

Aline : Muse & Marlowe est fortement inspirée des 70s, de cet esprit très « laid back » mais naturellement féminin. Chaque pièce peut s’adapter à un style pointu mais aussi à un style plus classique, et c’est vraiment une volonté parce qu’on veut qu’elle évolue avec nous et qu’elle s’adapte à (presque) tous les instants de nos vies de femmes. Je dis presque parce que toutes les pièces ne sont pas portables quand on est enceinte par exemple, même si on veut de plus en plus intégrer de design « pregnant-friendly » ou « breastfeeding-friendly ».

On veut que dans nos vêtements, chaque femme se sente forte et libre.

On veut que dans nos vêtements, chaque femme se sente forte et libre. On sait que la beauté d’un produit est très subjective, il en faut pour tous les goûts, mais on essaye de bien placer le curseur pour installer une identité forte, sans tomber dans l’extrême ou la tendance.

Comment vous décririez Muse & Marlowe en une phrase ?

Aline et Lucie : « Une esthétique simple aux notes rustiques et artistiques, un peu brute et sensible à la fois, aux couleurs terrestres, aux lignes intemporelles et résolument féminines. »

Quelle est votre pièce iconique ?

Aline et Lucie : Question très difficile ! Néanmoins, je dirais la robe Phanie en lange couleur canyon qui incarne bien le côté très féminin et décontracté dont je parlais plus haut. Elle se prête d’ailleurs parfaitement à un contexte super casual comme robe sortie de plage, ou à un contexte plus habillé ceinturée, avec une paire d’escarpins !

Quelle est la tranche de prix des vêtements Muse & Marlowe ?

Aline : En prix d’entrée, on peut trouver un foulard à 29 euros, et les pièces les plus chères aujourd’hui sont à 129 euros pour une veste ou une robe. Pour la prochaine collection, nous aurons quelques modèles un peu plus travaillés, mais il est important pour nous d’avoir une amplitude de prix permettant des pièces accessibles.

Acheter moins, mixer du seconde main et des pièces éco-conçues, il y a plein de manières d’équilibrer son budget.

Lucie : Nous savons que celui-ci peut représenter un frein à l’achat, que la notion du prix juste a été fortement ébranlée ces deux dernières décennies depuis l’émergence des marques dîtes de « fast fashion ». Notre modèle n’est pas basé sur le profit, néanmoins, si on veut pérenniser Muse & Marlowe et rémunérer convenablement chaque acteur intervenant dans son fonctionnement, les prix que nous pratiquons aujourd’hui sont tout à fait justes. Aussi, nous pensons fortement que la manière de consommer la mode à un rôle : acheter moins, mixer du seconde main et des pièces éco-conçues, il y a plein de manières d’équilibrer son budget.

Á quoi va ressembler la prochaine collection ? Quelles sont vos inspirations ?

Lucie : La prochaine collection, qui sort en octobre, est inspirée de l’Australie. Ce pays tient une place importante dans la vie d’Aline puisque c’est celui de son mari. C’est une vraie mine d’inspiration, la vie y est différente bien sûr, et toutes ces différences ont été insufflée, en filigrane, dans cette collection. Le prochain imprimé met en scène la flore australienne, mais on retrouve vraiment cette dualité d’un look décontracté et pourtant très affûté qui représente bien le style australien, mais aussi l’identité de Muse & Marlowe au-delà de cette collection.

Où peut-on acheter vos produits ?

Lucie : Nous avions imaginé un modèle « direct to consumer », donc une distribution uniquement depuis notre site museandmarlowe.com. Mais la réalité nous rattrape, et il apparaît que toucher un vêtement et l’essayer avant d’acheter est encore une étape indispensable pour beaucoup de femmes. Pour simplifier les choses, nous avons décidé d’offrir les retours, et nous sommes en pleine décision quant au fait de rester sur un modèle uniquement digital ou une distribution dans des points de ventes physiques.
Assez naturellement, c’est la deuxième option qui est en train de se dessiner, avec une présence déjà chez French Blossom à Rennes, Inès & Julie à Toulouse, et bientôt d’autres point de vente en format marché pop up ou boutique pérenne. Nous mettrons tout à jour sur la page « où nous trouver » dans l’onglet « la Marque » de notre site.

Un petit mot pour convaincre ou inciter mes lectrices/lecteurs à consommer éthique et durable ?

Aline : Consommer est un acte engagé, et pour avoir nous-même fait l’expérience de la satisfaction que cela procure de reprendre la main sur sa consommation, nous ne saurions que recommander de le faire. Et comme pour tout, ne rien brusquer, ne pas chercher la perfection ! Il faut que cela reste un plaisir. Au début de notre projet, nous échangions avec une amie qui nous faisait le parallèle entre son frère et son fils au travers cet exemple tout simple : « Mon fils ne se souvient même plus de son premier survêtement, mon frère, lui, en garde un souvenir presque ému : il l’a voulu, il l’a rêvé, et a fini par se le faire offrir, il l’a tellement aimé qu’il dormait avec et l’a usé jusqu’à l’os ! »

Lucie : S’attacher à un vêtement, l’aimer, le respecter. Créer des souvenirs. En plus de participer à réduire l’impact de celui-ci sur l’environnement et d’aider à rendre la vie des travailleurs plus juste. Autant de raisons qui font que le virage est à prendre, doucement mais sûrement.

Photo _ mona.ma_

Photo _ mona.ma_

Á votre tour !

Voilà, j’espère que cette première interview vous a plu et vous a permis de découvrir une marque comme je les aime, avec de belles valeurs. Pour soutenir Aline et Lucie, et leur marque Muse & Marlowe, n’hésitez-pas à vous abonner à leur compte Instagram et à parler de la marque autour de vous. Le bouche à oreille est précieux pour les petits créateurs. N’hésitez pas non plus à partager cet article pour soutenir mon travail :) Merci beaucoup.

Infos pratiques :

Site internet : https://museandmarlowe.com/

Compte instagram : https://www.instagram.com/museandmarlowe/